Portraits

Philippe Miesch, des équilibres et des possibles.
Architecte, Scénographe, Directeur des ateliers de construction de décors du Théâtre National de Strasbourg (TNS).
Architecte DPLG, diplômé de l’université des sciences humaines, assidu de l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg et élève scénographe à l’école Nationale Supérieure du T.N.S. ; les équilibres de Philippe Miesch jouent d’une curiosité rare, tout azimut, et d’une pratique constante des arts liés à l’espace. Possible « qui peut être, qui peut exister ; qui peut se faire ».
Sa position de scénographe pourrait se résumer par cette courte phrase:  » rendre la représentation possible, non pas faire un décor « . L’école du T.N.S. lui permet de travailler avec Jacques Lassalle, Peter Stein. De 87 à 92, il suit sa vocation d’architecte comme concepteur puis comme chef de projet, il participe à de nombreux concours et réalisations (extension des universités de Bâle et Strasbourg, de la caserne des pompiers de Bâle, concours pour la restructuration du T.N.S.).
En février 1993 il devient responsable général des ateliers de construction de décors du Théâtre National de Strasbourg. Avec La Troade de Garnier mise en scène par J-M Villégier et Manuel de Hohenstein, il signe ses deux derniers travaux de concepteur et de constructeur avec l’équipe des ateliers du T.N.S.

Sabine Siegwalt de l’élégance.
Costumière
Chez Sabine Siegwalt. il y a ce raffinement bien particulier aux personnes passionnées, l’élégance, Après des études d’Histoire de l’Art, elle découvre les costumes peints et créés par Pierre-Richard Wilm au Théâtre du Peuple de Bussangoù el!e travaillera cinq saisons en apprentissage, après un stage aux ateliers de costumes du T.NS dirigés par Nicole Galerne. Passionnée, elle l’est aussi par le cinéma, découvre des réalisateurs comme Jean-Pierre Denis, Amos Gitai, René Allio ou François Caillat, et participe au film L’Annonce faite à Marie de Claudel réalisé par Alain Cuny, qui représente l’aventure qui l’a le plus marquée.
À Strasbourg elle conçoit les costumes des projets de plusieurs compagnies dont les Acteurs de Bonne Foi, Articulation, Foirades ; mais également à Bussang, au Théâtre du Peuple, où elle travaille avec Pierre Dlependaële (La Mouette de Tchekhov), François Rancillac (Amphitryon de Molière) avec lequel elle renouvellera une collaboration pour Ondine de Giraudoux, au TJP Strasbourg avec Bruno Lasalle pour La Chanson de Roland; au CAC d’Orléans avec Jean-Christophe Cochard pour Les vies minuscules,de Pierre Michon … Avec Manuel, elle retrouve une collaboration avec Foirades entamée par René et Edmond et Etats des lieux mis en scène par Michel Frœhly puis Scènes de chasse en Bavière de Speer et Les Justes de Camus mis en scène par Pascale Spengler, Sa recherche pour Manuel, c’est avec les acteurs qu’elle l’a poursuivie, au jour le jour des répétitions et de ses accidents, témoin de chaque soubresaut de l’acteur au texte et à son corps. Toujours en activité, c’est avec la matière, toutes les matières Qu’elle ouvre d’autres perspectives dans la fable.

Gerdi Nehlig, les murs du théâtre peuvent tomber.
Éclairagiste
À 19 ans Gerdi Nehlig rencontre l’Attroupement et c’est un apprentissage)) plutôt direct puisqu’il conçoit immédiatement les lumières pour les spectacles de Denis Guénoun (Agamemnon, Chanson de Roland, La Bataille d’Hernani, Le Jeu de St Nicolas, … et encore en 1985-87 Le Printemps et Faust), Il conserve de cette collaboration le goût pour les entreprises risquées, les options d’un théâtre qui prend parti.
Tout en poursuivant ses activités d’éclairagiste (avec le Scarface Ensemble, le T,j.P., D. Lardenois, B. Habermeyer, il s’inscrit à l’école d’architecture de Strasbourg » pour trouver un écho raisonné à mes premières intuitions spatiales « . Quand on regarde son parcours on se dit que le mot ( raisonner ) trouve ici un curieux écho, il semble structurer des démesures, celles des rêves d’enfant: éclairer des montagnes comme il l’a fait pour le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, des spectacles de marionnettes (L’amour des trois oranges de Gozzi et La Mer à boire, Flash Marionnettes), et c’est avec cet enthousiasme, ici les perspectives d’un théâtre, dans une cave de Hautepierre, inventé par les Foirades; qu’il se joue de l’espace des lieux, même et peut-être surtout les plus impraticables. « J’ai parfois envie de pousser les lumières hors les murs du théâtre, à l’échelle d’un paysage, de la ville » ; ainsi, les limites des lieux dos toujours questionnées, le cadre courtois de la représentation s’écroule, restent le corps, le verbe. Les murs du théâtre peuvent tomber.
Dernièrement il a travaillé avec P. Spengler pour Les Justes de Camus, Adèle Riton Produktion Dance (Straight Tongues), Ismaïl Safwan (Humanitou 1 Flash Marionnettes), et aussi Yves Reynaud pour Baptême.

Hubertus Biermann. quel est cet homme qui fait chanter les morts ?
Comédien, Musicien et Compositeur. Après avoir débuté l’apprentissage de la musique dans l’harmonie municipale de son père, Hubertus Biermann, né à Finnentrop en R.F.A., passe son adolescence à la basse de groupes de rock’n roll. De 1968 à 73 il étudie la littérature et la philosophie à Francfort, joue dans des groupes de jazz et de musique expérimentale et se lie à un instrument duquel il se séparera plus: la contrebasse. Artiste à la vie rebondissante, il accumule des expériences les plus diverses (travail en usine, etc) ainsi qu’une passion exigeante pour certains auteurs comme Robert Walser dont il traduira les poèmes En 74, il arrive à Paris, y enseigne l’allemand, est traducteur et poursuit des études musicales (notamment avec Philippe Drogoz). Contrebassiste autant dans des formations de jazz que de musique contemporaine et improvisée, on le retrouve en 80-81 à Francfort poursuivant sa recherche de théâtre musical (concert-collages).
A partir de 1982 son travail en France s’intensifie et se diversifie, (compositeur, instrumentiste, acteur) avec Les Fédérés, le Scarface Ensemble, la Péniche Opéra, Juin 88 etc… et récemment avec Xavier Marchand (Le Monde est rond d’après Gertrude Stein; La Promenade d’après Robert Walser) et Marie Frering (Paul Celan, Dante). À égaIement performé la poésie sonore de Kurt Schwitters, travaillé avec Fabienne Compet et Lolc Touze (spectacles de danse), et tout récemment avec Olivia Grandville et X. Marchand sur le KdE d’après l’œuvre de Schwitters. Joue en ce moment avec Jac Berrocal. Dans Manuel, Mortem et La Mort, duo pour un seul homme, trouvent par ce que Biermann nomme « résolution sonore », une ampleur exemplaire.

Françoise Ulrich, actrice indépendante et solitaire
Massemée.
Comédienne et chanteuse, Françoise Ulrich, « l’indépendante », puise une force intransigeante dans sa manière d’aborder le travail; ce qu’elle nomme « droit à l’erreur, à l’essai, à l’imperfection » rappelle combien l’être se doit d’être unique, et le théâtre alors, acte franc de partage. Dans Manuel elle est Massémée, celle qui passe « toute une vie à réclamer la vie». Après une formation au Conservatoire de Mulhouse, elle a travaillé entre autres avec L’Attroupement, Jean-Pierre Vincent (Palais de Justice), Chantal Morel (Groom de Vautrin), Gaston Jung (Les infertiles de Stramm), J.L.Martin-Barbaz, Geneviève Rosset, Pierre Barrat, Pierre Diependaële, Massimo Castri, Yves Reynaud… Participe à des récitals poétiques et chante Cabaret Vian et de nombreuses chansons réalistes.

Philippe Dinneweth, les débuts.
Avant de suivre différents cours de théâtre (Viriot à Paris, TJP à Strasbourg où il rencontre Pascale Spengler), Philippe Dinneweth obtient un diplôme BEPA au Lycée Technique Agricole de Brie-Comte-Robert et travaille dans la ferme familiale. Il tient ici son premier rôle avec Bouche-cousue.

Ghislain Mugneret, le Bienvenu.
Après avoir assisté étant gosse à Guignol, Ghislain Mugneret raconte avec tout ce qu’il trouve: vieilles chaussettes, harmonica, bananes; écrit des histoires et des poèmes. Passionné par le cinéma il réalise trois courts métrages, « le premier cinéma c’était le pare-brise de la voiture de mon père». Acteur, il participe aux ateliers du Centre Dramatique de Bourgogne, puis à Besançon rencontre le chorégraphe Hideyuki Yano ; suit la formation de l’I.N.SAS. à Bruxelles, y rencontre Anne-Thérésa de Kersmaeker. Par ailleurs il écrit (Mignonne allons voir si la fosse et des chansons pour Pascale Salkin), et avec Alain Sionneau conçoit et joue deux spectacles (Provisoirement … et Welcome la vache de vie). Avant d’engager son énergie d’acteur dans Manuel, il participe à de nombreux spectacles dont Croisades de Michel Azama mis en scène d’Alain Mergnat.

Jack Reinhardt l’affamé à la mémoire morte.
Avant de se retrouver les yeux sanglants, les oreilles grandes ouvertes pour jouer Tête-Brûlée et Le Douanier Aveugle cet affamé à la mémoire morte; ll’acteur Jack Reinhardt a roulé sa bosse dans bien des entreprises théâtrales que se soit avec les Foirades (Les Justes de Camus, Scènes de chasse en Bavière de Speer, La prose du Transsibérien de Cendrars); avec le TNE; le Théâtre du marché aux grains (Balzac café) ; Articulations (La pesée de l’esprit de J-J. Mercier … ) ; ou en solo avec Mort et vie au quotidien 1, 2 et 3 et La maison hantée qu’il écrit et interprète. Il est également metteur en scène Humeur Humour d’après Dubilli;nd, Les correspondances de Mozart (Sarre-Union) et Evénements regrettables d’Yves Reynaud.

Jean-Christophe Cochard, l’amour des poètes.
Assistant de Pascale Spengler sur ce spectacle, Jean­Christophe Cochard est avant tout acteur et lui-même metteur en scène. Son amour pour les textes, et les poètes en particulier, l’a mené au théâtre. Du Conservatoire d’Orléans et du cours Perimony il conserve la trace du « socle » » et une mémoire du théâtre. Il joue Beaumarchais, Diderot, Musset, Schnitzler, Speer, incarne Flaubert, et travaille avec Mathilde Monnier (Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt). Depuis 1991, aborde la mise en scène avec Roméo et Juliette de Shakespeare joué par les enfants d’un collège de Chartres, puis travaille sur des formes plus intimes avec Enfantillage de Raymond Cousse, Les vies minuscules de Pierre Michon et renoue avec les poètes, c’est Cendrars-Desnos et pour l’avenir Max Jacob, Bernanos, Aggripa d’Aubigné .

Ève Knecht La Fille du Rhin devenue.
Ex-Méridien, Fille du Rhin devenue pour le spectacle, longue, blanche et vigilante, Eve Knecht tient son premier rôle. Dans ce projet, elle participa à l’aventure, grâce à un Stage d’Accès à l’Emploi, plusieurs mois en amont du spectacle. Elle eut la lourde tâche de retranscrire toutes les interviews menées sur le quartier.

Lucie Le Touzé, rencontres destinées.
De ses premiers pas à l’école de Montreuil aux rôles de La Destinée dans Manuel, Lucie Le Touzé, talent et beauté à la Lilian Gish, a connu des rencontres essentielles: Michelle Kokosowski à St Denis, c’est alors qu’elle joue Ophélie dans Hamlet, Marie dans Le Concile d’amour de Panizza (Faculté puis Théâtre de Paris et de l’escalier d’or), puis travaille aux Ateliers des Quartiers d’Ivry avec Jérôme Deschamps, à ceux de Chaillot avec Sophie Loucachevsky, joue dans Aglavaine et Sélysette de Maeterlinck mis en scène par F. Merle ~ l’Athénée; et à Avignon rencontre Kantor, et c’est 0 douce nuit aux Pénitents Blancs; ensuite à Caen, joue les dramaticules de Beckett Comédie … Catastrophe puis Babylone d’après Crevel mis en scène par Annie Pican

Pascale Schiller, quand l’astre mort est force vive.
Bac français-allemand, hypokhâgne, serveuse au Bermuda Onion, ouvreuse, Deug lettres modernes­théâtre puis maîtrise avec Jourdheuil, traduction de Fragments en quatre saisons de Fassbinder; Pascale Schiller, brillante et paradoxale, est entrée en scène. De l’étonnant Médiaspiel, spectacle de P.Spengler, à Manuel où ellle décline les rôles de La Lune avec une folie toute berlinoise; elle a travaillé avec Michel Froehly (Après la répétition d’après Bergman), Marie Frering (Gespräch im Gebirg de Paul Celan) qu’elle assiste pour Les 7 premiers chants de l’enfer de Dante, Pascale Spengler qu’elle retrouve pour Les Justes de Camus, le Scarface Ensemble, Werner Andréas (Huis clos à Francfort), Gaston Jung (Wie weit ist es noch bis prag? de A. Weckmann)…

Ecrit de Hubertus Biermann
« Il faut prendre les différentes formes d’écriture de Manuel de Hohenstein au sérieux: les chants, les « bloques» des grands monologues, la mécanique des dialogues, les choeurs. Analyser leur mise en forme, leur ponctuation. Pour mettre la bouche, la voix en action, éventuellement claquer des doigts pour trouver le tempo, la prosodie, la scansion appropriée. Celle de Christophe Huysman est souvent vive, « hors d’haleine », car sa pensée l’est. Sa pensée agit, « pulse », se propulse. Prendre un crayon et marquer le début et la fin d’une phrase, d’un « bloque » d’idée, marquer les silences, les respirations, les accélérations et ralentissements, les dynamiques. Peut-être se servir, pour certaines parties, de valeurs métronomiques. Travailler sur l’agilité, pour repousser les limites techniques. Tempo et rythme sont des données fondamentales pour rendre le caractère de cette écriture.
La liberté de l’interprète, le jeu, le « chant », la « musique », ne peut naître que sur cette base-là. Sinon, tout implose dans ce texte: les personnages (il y en a 32 pour 8 acteurs !) aussi bien que les parties orchestrales. »