Proposition de texte pour la communication

“Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même ; c’est une morale d’état civil ; elle régit nos papiers. Qu’elle nous laisse libres quand il s’agit d’écrire”.

M. Foucault, Archéologie du savoir

« Mais nous pouvons renverser l’ordre des choses. Nous le pouvons. Et pour cela, nous n’aurons jamais recours à la force. Pas de POLICE CONTRÔLE IDENTITE VOS PAPIERS MENOTTES LES MAINS SUR LE CAPOT PAS DE GESTES BRUSQUES. Ridicule. Absurde. Le changement ne se fera jamais avec la violence. Il ne se fera jamais aussi doucement, aussi délicatement que lorsque je déplace une lettre dans un mot. Le changement sera à ce prix. La poigne, la hargne, le coup provoquent la violence pas le changement. »

Khadija est née à Batna en Algérie, en 1956. Elle est « sans papiers », en délit de séjour irrégulier en France. Elle est menacée d’expulsion par un Arrêté Préfectoral de Reconduite à la Frontière. Sa révolte amorce un formidable mouvement de protestation contre l’ordre du monde actuel. La France lutte contre l’immigration clandestine en construisant un redoutable appareil législatif et policier. Khadija plaide en faveur de ses frères de misère. Elle n’a pas de solution.

Elle n’a que des convictions. Dans le monde qui est le nôtre, elle est convaincue qu’il y a les gens qui doivent aller ailleurs que dans leur pays d’origine, pour sauver leur peau, leur liberté, leur envie de vivre. Il lui semble totalement légitime que ceux qui sont du mauvais côté de la barrière aient le droit de la franchir, quelles que soient les raisons personnelles qu’ils peuvent avancer.

Faut-il encore avoir peur ? La CIMADE dans une très belle petite brochure intitulée « petit guide pour lutter contre les préjugés sur les migrants- http://www.educationsansfrontieres.org/IMG/pdf/prejuges.pdf » dit :« la peur est mauvaise conseillère puisqu’elle est à l’origine des plus grands désastres de l’histoire ».
Avons-nous raison d’avoir peur ? Sortir du silence est déjà une manière de considérer le problème, d’essayer d’y répondre en l’évoquant et d’en débattre publiquement.
Est ce que les flux migratoires clandestins ne posent pas de manière cruciale la question des écarts entre pays riches et pays pauvres ? Est-ce que la fermeture des frontières et les procédures de reconduite à la frontière sont l’unique solution pour les empêcher ?

L’intention de Sortie de Secours est de familiariser un public avec ces questions, de l’amener à se mettre à la place d’un migrant, que le non-renouvellement de sa carte de séjour oblige à quitter le territoire.

Pascale Spengler 3 avril 2007